The Black Rider apparaît en 1993 et est composé pour la pièce du même nom de Robert Wilson (Alice d'après Lewis Carroll, Time Rocker de Lou Reed), notamment co-écrite par le.. farfelu William S. Burroughs (Le Festin Nu), ce qui donne déjà une idée de l’univers mirifique de l’album.
Lucky Day Overture, ou l’ouverture en fanfare de cet album fantasque, roulements de tambour, mélodie-hymne et voix hurlante telle un rabatteur furieux, The Black Rider s’annonce burlesque et loufoque. Come on along with the Black Rider, we'll have a gay old time ! La chanson du même titre suit cette voie joyeuse et nous plonge dans une ambiance de cirque joviale et rigolarde. No shadow, no stars, no moon, no care, November débute comme la musique générique de Vol au dessus d’un nid de coucou, et on retrouve avec plaisir le mélancolique et désabusé Tom Waits sur un fond Kusturicien.
Just the Right Bullets, avec sa voix insistante, traînante et légèrement hautaine, comme un maître de cérémonie allumé, entrecoupée de chevauchées musicales mélangeant Morricone et Bregovic. There is a light in the forest, there is a face in the tree. Black Box Theme et T’ain’t no Sin sont (très) légèrement flippantes et pleines de bizarreries, on se retrouve en plein délire. Take off your skin, and dance around your bones. Burroughs n’y est pas pour rien. Ce dernier est aussi le créateur de Flash Pan Hunter, petite perle où la collaboration des deux gaillards est gérée d’une main de maître, avec ses gémissements pleins d’émotions et ses sonorités de contes pour enfants.
Russian Dance est magique, d’ailleurs tout est dans le titre. Mélodie russe entraînante et de plus en plus enjouée avec un fond musical lourd et tragique. I'll be the flowers, after you're dead, for you baby. I’ll Shoot the Moon correspond parfaitement à sa musique, jolie déclaration aux tendances jazz. Puis l’éléphantesque Oily Night, avec ses gargarismes grandioses et son rythme obsédant. L’album se termine sur Carnival, et comme son titre l’indique, on plonge dans un univers vieillot de carnaval étrange et malsain, tout à fait à l’image des chansons précédentes.
Bref, un album totalement tordu et étonnant, découpé en plusieurs ambiances de rêves, de cauchemars, de cris, de chants grotesques, d’expérimentations musicales saugrenues, de sonorités vieillottes et décalées, avec des influences inclassables mais jamais sans une touche de blues et de jazz. La voix grave et rauque du génie Waits est toujours aussi titanesque, avec ce côté malicieux ou encore tragi-comique. Un vrai voyage aux multiples facettes, une véritable balade insolite et unique en son genre, dans un monde rempli de surprises sonores.
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