2.28.2010
8.20.2009
Farce musicale
Tout a commencé lorsque Phil Collins s’est emparé d’un micro.
On sait tous qu’il aurait mieux fait de rester derrière sa batterie, mais non. Passons aussi la période Peter Gabriel, qui est, si possible, encore plus mauvaise. Evitons de trop s’attarder sur la désastreuse expérience électronique, avec ses envoûtantes boites à rythme et ses claviers dégoulinants. Mais qui Genesis essaye-t-il d’impressionner avec ses irritantes sonorités synthétiques ? Au final, le tout est juste une pâle copie de déjections déjà existantes, pour ne pas citer Pink Floyd ou Brian Eno. Bref, je ne vais pas vous barber avec les détails de leur discographie, des analyses de chansons ou encore les dates importantes importante de leur carrière. Je me fiche pas mal du résumé Wikipédia, alors on va se concentrer sur le meilleur. Ou plutôt le pire.
A l’époque où Lou Reed et The Stooges (de vrais durs, quoi) prennent en main le rock, Genesis envahit les bandes FM en jouant les rockeurs expérimentaux pour jeunettes. Autant dire qu’ils n’ont rien compris, surtout quand on arrive à produire pires niaiseries que Van Halen et Kiss. Sans compter qu’il y avait toujours un peigne cul pour lancer Genesis dans le jukebox, ce qui faisait fuir les vestes en cuir, trop fatiguées de lutter contre une telle atrocité. On aurait pu se réjouir du départ de Gabriel, mais les festivités furent annulées quand Phil Collins s’est mis à chanter. Oh, pardon, à minauder. Depuis, comment les situer ? C’est une mixture peu ragoûtante de T-Rex pour le côté minette, des Bee Gees pour le côté ringard et d’Indochine pour le côté merdique. Par contre, je ne parlerais pas du fabuleux charisme et des infâmes vocalises du petit rigolo Phil Collins, c’est trop. Vous n’avez qu’à bien le regarder, et si vous avez le courage, l’écouter. Bon, ils ont quand même eu une bonne période hein. Mmmh, non en fait. Je ne suis décidément pas de mauvaise foi.
Ce qui est également impressionnant chez Genesis, c’est d’avoir su passer par tant de périodes musicales sans jamais en retirer quoi que ce soit. Ils auraient pu s’aventurer dans le punk, le ska, voire le hard. Ils auraient même pu prendre exemple sur leurs camarades anglais, comme les Stones, les Clash, Led Zep, Bowie ou (au pire) les Beatles. Mais non. Ils ont définitivement inventé un semblant de quelque chose, joyeux mélange de new wave, de musique expérimentale pseudo jazz et rock progressif tendances psyché. En fait, si on voulait (vraiment) définir leur « art », on pourrait simplement le qualifier de soupe. Une bonne grosse soupe opaque à la couleur douteuse. Et faut pas croire, c’est difficile de faire de la soupe si élaborée et toujours à la limite du supportable. J’ai même envie de dire que j’ai un certain respect pour ça, mais finalement, pas tant que ça (peut-être à force de continuer à les entendre partout sur les ondes quand j’en ai le moins envie. Bon d’accord, j’en ai jamais envie, et après tout c’est bien légitime).
Mais au final, on peut tout de même leur dire merci. Tout le monde n’a pas la chance de savoir jouer au vrai rock’n’roll, de se murger dans des concerts virils, de hurler, frapper, dégueuler, d’être grossier et malpoli sur de la bonne musique. Alors merci Genesis, merci d’avoir su combler et satisfaire les braves garçons, les gentilles filles, et globalement les gens sans goûts.
6.15.2009
Tom Waits - The Black Rider
The Black Rider apparaît en 1993 et est composé pour la pièce du même nom de Robert Wilson (Alice d'après Lewis Carroll, Time Rocker de Lou Reed), notamment co-écrite par le.. farfelu William S. Burroughs (Le Festin Nu), ce qui donne déjà une idée de l’univers mirifique de l’album.
Lucky Day Overture, ou l’ouverture en fanfare de cet album fantasque, roulements de tambour, mélodie-hymne et voix hurlante telle un rabatteur furieux, The Black Rider s’annonce burlesque et loufoque. Come on along with the Black Rider, we'll have a gay old time ! La chanson du même titre suit cette voie joyeuse et nous plonge dans une ambiance de cirque joviale et rigolarde. No shadow, no stars, no moon, no care, November débute comme la musique générique de Vol au dessus d’un nid de coucou, et on retrouve avec plaisir le mélancolique et désabusé Tom Waits sur un fond Kusturicien.
Just the Right Bullets, avec sa voix insistante, traînante et légèrement hautaine, comme un maître de cérémonie allumé, entrecoupée de chevauchées musicales mélangeant Morricone et Bregovic. There is a light in the forest, there is a face in the tree. Black Box Theme et T’ain’t no Sin sont (très) légèrement flippantes et pleines de bizarreries, on se retrouve en plein délire. Take off your skin, and dance around your bones. Burroughs n’y est pas pour rien. Ce dernier est aussi le créateur de Flash Pan Hunter, petite perle où la collaboration des deux gaillards est gérée d’une main de maître, avec ses gémissements pleins d’émotions et ses sonorités de contes pour enfants.
Russian Dance est magique, d’ailleurs tout est dans le titre. Mélodie russe entraînante et de plus en plus enjouée avec un fond musical lourd et tragique. I'll be the flowers, after you're dead, for you baby. I’ll Shoot the Moon correspond parfaitement à sa musique, jolie déclaration aux tendances jazz. Puis l’éléphantesque Oily Night, avec ses gargarismes grandioses et son rythme obsédant. L’album se termine sur Carnival, et comme son titre l’indique, on plonge dans un univers vieillot de carnaval étrange et malsain, tout à fait à l’image des chansons précédentes.
Bref, un album totalement tordu et étonnant, découpé en plusieurs ambiances de rêves, de cauchemars, de cris, de chants grotesques, d’expérimentations musicales saugrenues, de sonorités vieillottes et décalées, avec des influences inclassables mais jamais sans une touche de blues et de jazz. La voix grave et rauque du génie Waits est toujours aussi titanesque, avec ce côté malicieux ou encore tragi-comique. Un vrai voyage aux multiples facettes, une véritable balade insolite et unique en son genre, dans un monde rempli de surprises sonores.